Malte

Voilà, voilà, on est allées à Malte. Un week-end prolongé. Cinq jours à crapahuter à La Valette et ses environs. On a quitté la grisaille et la pluie incessante pour le soleil et la mer. Sérieux, ça fait combien de temps que l’automne a pris ses quartiers français et ne les quitte plus ? Oh, il fout quoi l’été !? Il a démissionné, il est en burn-out ? Il nous a fallu trois petites heures d’avion pour se souvenir qu’un jean par plus de 30 degrés, c’est insupportable. 


L’île est un condensé d’histoire. Des traces d’habitation remontent à 5400 av. J.-C ! En raison de sa position privilégiée entre mer Méditerranée orientale et occidentale, Malte a toujours été occupée par une puissance maritime dominante, jusqu’à son indépendance du Royaume-Uni en 1964. Et, elle en aura subi des occupations. Ça va se bousculer au portillon, tant cet archipel est stratégique : phéniciens, grecs, carthaginois, romains, Vandales, ostrogoths, byzantins, arabes et les Normands, maîtres de Sicile. Puis, Malte se christianise. En 1529, Charles quint intercède auprès du Pape, pour que l’ordre religieux et catholique hospitalier et militaire de Saint-Jean de Jérusalem, aussi appelé ordre des Hospitaliers ou La Religion, qui a existé de l’époque des croisades jusqu’au début du XIXe siècle, obtienne le fief perpétuel de Malte et Gozo. 

En 1565, le grand siège de Malte est mené par les Ottomans pour prendre possession de l’archipel et en chasser l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Malgré leur supériorité numérique, les Ottomans ne viennent pas à bout de la résistance des chevaliers et doivent lever leur siège après avoir essuyé de lourdes pertes. Cette victoire de l’Ordre assure sa présence à Malte et renforce durablement son prestige dans l’Europe chrétienne. C’est à eux que l’île doit ses fortifications, ses co-cathédrales, ses églises… Puis, plus tard, il y a eu les Français, les Anglais et, aujourd’hui, c’est à l’assaut des touristes que Malte doit faire face. « Vindiou » qu’ils sont nombreux encore, en cette mi-octobre ! Ça, on n’est pas seules, et on peine à imaginer ce que ça doit être en été.

Notre hôtel est à Slieman, à 5 km de la Valette que l’on peut rejoindre par la terre ou par mer, en ferry. Pour nous, sans hésiter, ce sera le ferry (2 euros l’aller, 3,80 l’aller-retour et plus le soir). On adorait ça. Et on avoue, on a fait nos parisiennes, habituées à se faufiler dans le métro, pour obtenir nos places préférées, sur le pont du haut, à l’avant du bateau, la tête au soleil et le nez au vent. 

On avait plus ou moins fait un programme. Alors sitôt nos valises posées, on est parties à l’assaut de La Valette. On devait visiter la Co-cathédrale de Saint-Jean, mais c’était sans compter sur le fait qu’on s’est perdues. En fait, la façade de cet édifice est assez sobre, du coup on est passé et repassé devant sans s’en rendre compte. Résultat, on a raté les heures d’ouverture. On a donc passé la fin d’après-midi à se promener dans cette cité fortifiée aux couleurs de miel. La ville est très minérale, impressionnante avec ses hauts murs, mais néanmoins colorée avec ces jolis balcons fermés en bois peints. Les portes se parent de heurtoirs aux formes originales. La Vierge et Jésus sont partout, statufiés ou ornant les façades des maisons. Ici comme ailleurs, il y a des pigeons miteux et des petits moineaux gourmands. Les mouettes se sont fait la malle à Paris, semble-t-il, car il y en a peu. Les rues montent et descendent en pentes, loin d’être douces. On a acheté de l’eau au SPAR – Oui, oui le supermarché – bien pratique dans cette ville peu pourvue en épiceries. Ils ont une immense vitrine de viennoiseries et snacks salés alléchants. On a pris des pastizzi, petits feuilletés à la ricotta et ou aux petits-pois. Pas mal, sans plus… Il y a bien meilleur ailleurs, mais ça dépanne. Il fait chaud, c’est blindax de monde et on est cannées. Au Submarine, une minuscule échoppe, on s’achète un Ftira pour deux. C’est une sorte de pain bagnat du coin, composé de thon, tomates, olives, câpres, fromage et haricots blancs. C’est frais, le pain croustille, que demander de plus. Puis on se pose au Café Society, sur les coussins qui jonchent les marches de cette petite rue, qui n’est faite que d’escaliers. Les guirlandes électriques éclaboussent les murs de soleil. En bas des marches il y a les remparts, la mer et les Trois Cités. On se laisse tenter par un cocktail au thym et la bière locale, la Cisk. 

Le lendemain, dimanche, on avait un but : Marsaxlokk, son petit port de pêche, ses « luzzu », les bateaux colorés, le marché aux poissons, et la promesse d’une baignade dans des eaux turquoises de St Peters Pool. Pour y aller, on se l’est joué feignasses. On a pris un Bolt. Bah oui, sinon il aurait fallu rejoindre La Valette et prendre un bus. Trop long. On a gardé ce périple pour le retour. Arrivée à Marsaxlokk. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, là non plus, on n’est pas les seules. Le marché s’étire sur tout le long du port. Il y a de tout : des poissons bien sûr, mais aussi des fruits, du pain, de l’épicerie, des olives, des souvenirs, des fringues, des trucs en plastique… La foule est dense. On fait le tour. On achète des petits pains, des olives et de la fêta. On inspecte les luzzu, ces bateaux de pêche peints en jaune, rouge, vert et bleu, à la recherche des oculus, ces yeux phéniciens, placés à la proue des embarcations, censés les protéger contre les aléas de la mer et favoriser la pêche. C’est sur toutes les cartes postales. On est déçues. Ils sont tout petits. Des petites crottes blanches, surmontées d’un trait noir, avec un point noir en leur centre. Bref… On se laisse alpaguer par les rabatteurs qui remplissent les bateaux rejoignant St Peters Pool. En route vers la baignade ! Le bateau passe rapidement au large, de la tour San Lucian, du fort Delimara, d’un phare, des salines vides, d’un lieu blindé de monde – heu, c’est pas là qu’on va se baigner, hein? Ah ben non, on va plus loin jusqu’à la petite grotte. L’eau est cristalline, on a hâte ! Et là, le bateau fait demi-tour. Ben en fait, si, on va là où le monde afflue. Et encore, il est tôt ! On débarque vers des salines creusées dans la roche, c’est impressionnant et tellement beau ! Puis, au détour d’une falaise, c’est l’Aquaboulevard un jour de canicule. Mais ici, il n’y pas de limite de capacité. Ouh la la, on va faire avec car l’eau est magnifique. On passe nos serviettes sur un petit coin de rocher et nous voilà dans l’eau. Les plus téméraires sautent de la falaise d’environ 5 m. On admire les plongeons des plus aguerris, ponctués de oh et de Ah et des applaudissements des spectateurs. On dirait un feu d’artifice. De l’eau, on regarde médusées ce spectacle et celui du flot continu des gens qui arrivent. On se fait la réflexion qu’en été, ça doit être impraticable ! Il est temps de repartir. Hop, on saute un bateau. Le marché est sur la fin. Tout le long du port, des restaurants se tirent la bourre pour attirer les locaux et les touristes. Les terrasses sont pleines. On trouve une table au Ir-Rizzu Pour nous ce sera en entrée, un arrancini à l’encre de sèche, croustillant et léger et des spaghetti aux moules. Ce n’est pas de la grande cuisine, mais le goût y est, et les portions ultra généreuses. Retour pas le bus à La Valette. Il est encore tôt… Et si on allait visiter les Trois Cités. À ce stade, on est déjà claquées, mais on prend notre courage à deux mains et nous voilà embarquées sur le ferry qui nous y amène. Birgu (Victtoriosa), Bormea (Cospicua), L-Isla(Senglea), constituent la plus ancienne région de Malte. C’est ici que les chevaliers de Saint-Jean se sont installés pour la première fois. En témoignent les nombreux bâtiments et forts qui la constituent. Ces trois villes ont été le théâtre de nombreuses batailles au fil des siècles. Non, on n’a pas tout visité. On s’est contenté de Birgu, la plus ancienne des trois. On est monté jusqu’au fort de Sant’Angelo. Mais il était déjà tard, et on n’allait pas payer dix balles chacune pour dix minutes de visite. On a acheté des fromages et du sel de Gozo dans une boutique. Trois petits tours dans les ruelles étroites et on a repris le ferry, puis traversé La Valette pour reprendre un autre ferry direction Slieman. 


Le lendemain, direction le Maroc… Ahahah non, on est allées visiter Mdina et Rabat. Pour y aller, on a pris un bus. C’est horriblement long. On a presque mis 1h30. Le bus faisait des tours et des détours. Interrrrrminable. La ville de Mdina, perchée en haut d’une colline, dans le centre de Malte, s’approchait et s’éloignait comme un mirage. Enfin, on est arrivées. On a commencé par Rabat, sa Cathédrale de Saint-Jean et ses catacombes, 4 km de galeries souterraines creusées au 3e siècle par les chrétiens. Juste avant la visite, on fait une halte chez Perrucan, une échoppe réputée, spécialisée dans les biscuits secs de toutes sortes et les nougats. Pouah, c’est sucré. Il faut un litre d’eau pour faire passer le sucre. On n’a pas fini nos biscuits, c’est dire ! En sortant on s’est encore acheté un Ftira chez Chalk. On a goûté celui au thon et le maltais à la saucisse fumée. Pas mal ! On s’est ensuite perdues dans les ruelles de Mdina. On a visité la Saint-Paul’s Cathédral. On a cherché, en vain, le prieuré des carmélites avant de se rendre compte que c’était une petite porte sans prétention et que les visites ne se faisaient que sur rendez-vous. Nouilles ! A l’entrée de la forteresse, on a gratouillé le nez des chevaux des calèches qui trimballent les touristes. Et puis, on a pris un Bolt. Ben oui, on n’allait pas se refaire le trajet en bus !! 30 minutes contre 1h30, y’a pas photo ! Direction la Valette et le célèbre restaurant Nenu The Artisan Baker. Normalement, il faut réserver, mais il est tôt, à peine 19h, alors on nous dégote une petite table jusqu’à 20h, largement suffisant pour goûter la spécialité de Malte : le lapin. Sandrine prendra les pâtes à la sauce au lapin (pas très copieuses) et moi le lapin cuisiné en sauce avec des carottes et des petits-pois. Mouais, c’est bon mais ce n’est pas non plus à se taper le cul par terre. Le restaurant est situé dans une cave voûtée. Des enfants hurlent, ça raisonne, c’est insupportable ! 

Dernier jour avant le départ, direction Gozo. Non, on ne cède pas aux tours proposés par tous les bateaux de touristes, trop court à notre goût. On opte pour le ferry rapide et, à Gozo, on se débrouillera. Une demi-heure de traversée. Sitôt un doigt de pied posé sur le sol, qu’on reprend un bateau direction l’île de Comino et le Blue Lagoon. Là encore, c’est blindé. Il n’y a pas de plage et le moindre bout de rocher est réquisitionné par les loueurs de transats et parasols. Et c’est pas donné. 15 balles le transat ! À contrecœur, on en prend deux pour poser nos affaires, car on n’y posera pas nos fesses. On passe deux heures dans l’eau. La mer est dingue ! Transparente, turquoise, chaude… C’est les Caraïbes ! Les bateaux affluent et déversent en continu leurs lots de touristes. Paradoxalement, il y a peu de gens dans l’eau. Sur une petite île qui fait face à notre position, il y a une petite plage de sable fin et une grotte. On décide d’y aller. Rhooo lala, c’est beau. On nage sous une voûte de pierre, dans une eau sombre mais pourtant translucide, jusqu’à une ouverture de l’autre côté. Là, c’est magique ! L’eau se pare de toutes les teintes de bleu : électrique, fluo, turquoise. On se baigne à n’en plus finir. Enfin si, on doit quand même visiter Victoria ! Retour en bateau – en passant par le Crystal Lagoon… Whoua ! – jusqu’ au débarcadère. Là, il faut prendre le bus, car non, on ne peut pas rejoindre Victoria à pied. Perchée sur son promontoire rocheux, la capitale de Gozo, aussi appelé Rabat, n’est pas sans rappeler Mdina. On visite sa cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, bien sûr, qui a pour particularité de présenter un dôme en trompe-l’œil. Ben oui, faute de moyens pour achever l’ouvrage, un peintre italien spécialiste du genre a été appelé en renfort pour peindre sur un plafond plat cette coupole plus vraie que nature. On se promène sur les remparts et ce n’est pas sans nous rappeler nos ballades sur la citadelle d’Alep. Nostalgie ! Allez, il faut attraper un bus, puis reprendre le bateau pour La Valette et Slieman.  


Voilà, c’est fini. Avant de reprendre l’avion, il faut quand même qu’on visite la Co-Cathédrale de Saint-Jean, impressionnante par sa taille, ses dorures, son pavement fait d’un immense damier de 374 pierres tombales, marquetées de marbres colorés. Il y a aussi ses huit chapelles, comme autant de langues parlées par les chevaliers de l’Ordre de Malte. On n’est pas trop dépaysées car il y a la Chapelle d’Auvergne, hihi ! Et puis il y a les tableaux du Caravage… Impressionnant ! 

The End. On a encore mangé des pastizzi, chez Manuela, les meilleures, et un Ftira chez Grano, à la viande cuite longuement et à la truffe…Une tuerie. Bye, bye Malte. Retour à Paris sous la pluie… Elle est pas belle la vie. Voyagez, partagez et dévorez !


Photos : S. et M. Zakri. Les photos sont la propriété exclusive de S. Zakri et ne peuvent être utilisées sans autorisation préalable.

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Jolie petite escapade ! J’espère que vous avez ramené plein de recettes à nous faire découvrir. Je ne connais pas du tout la cuisine maltaise.

    Bon courage pour votre retour à Paris.

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  2. Avatar de simone lafleuriel-zakri simone lafleuriel-zakri dit :

    Fque su sympa : Franchement vous avez profité de beaucoup de bons moments à Malte, ne serait ce que les baignades dans cette eau si transparente…et les visites à tous ces beaux monuments..dont la cathédrale et quelques spécialités de la cuisine maltaise….T.rès bien quelques beaux moments pour se mettre en mémoire à votre retour à Paris sous la pluie

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