De Paris au Pays des Abers

Vous l’aurez remarqué, on s’est absentées une semaine, délaissant, un peu, le blog pour voguer vers d’autres horizons. Oui, oui, on a enchaîné, vacances en Grèce, Paris, et re vacances… Les joies du free-lance ! On part quand Sandrine a des trous dans la raquette de son planning. Bref… On est reparties, direction le Pays des Abers. Le bout du nez du Finistère. Plus loin, il n’y a rien ! Enfin si, l’Océan… Froid, iodé, semé de parcs à huîtres et à moules. L’océan, où s’éparpillent d’innombrables cailloux, responsables de bien des naufrages, et une côte découpée aux ciseaux et bordée, par endroits, de plages paradisiaques au sable blanc. Résultat : La mer est partout ! Au rythme des marées, elle s’infiltre dans les terres comme des artères, les Abers, et s’épuise en petites veines, récoltant, ici où là, l’eau de petits ruisseaux. Il n’est question que de flotte.

Direction l’Aber Wrac’h, Landéda, son petit bourg dans les terres, et son port. Vingt minutes à pied entre les deux, avec un dénivelé de malade. Le retour est difficile, ça grimpe sec ! Partout, il y a des petits chemins, pour éviter la grande route, encaissés dans la végétation ou bordés de maisons aux jardins fleuris d’hortensias pourpres, bleus, fuchsias, roses pâles. Arrivé au port, des randonnées attendent les courageux : La ballade des Anges, 5,7 kilomètres, dont une partie qui longe la côte par la route, passe devant la belle Abbaye des Anges – fermée – puis emprunte le chemin des douaniers et permet de profiter de beaux panoramas sur l’Archipel. On n’a pas tout fait… Et puis la ballade de l’Enfer, 6,7 kilomètres entre terre et mer, qui mène au Moulin de l’Enfer. On n’a pas fait la rando mais le Moulin de l’enfer, ça oui, on l’a visité. C’est pour ça qu’on y est allé !

Qu’on vous explique : L’anse du moulin de l’Enfer est aujourd’hui occupée par le chantier naval de l’association AJD, fondée par le Père Jaouen. Un père Jésuite, Michel, qui avait pour ambition d’aider les délinquants en leur apprenant les métiers de la mer, parce que la mer, c’est bien connu, ça ouvre les horizons, « la mer, c’est l’école de la vie ! ». Son credo : « démerdez-vous pour être heureux ! ». Lui, il se démerdait pour le bonheur des jeunes. Et il obtenait ce qu’il voulait par une phrase : « Je ne fais pas ça pour mes gosses – (il n’en avait, hein, il était prêtre !) – mais pour les vôtres ! ». C’est un pépé de Landéda, qui fait les meilleures salades qu’on n’ait jamais goûtées, qui nous a raconté ça. Bref, le père Jaouen, pose ses valises à l’Aber Wrac’k, mélange les gens, parce que les ghettos, très peu pour lui, et embarque son petit monde naviguer sur le Bel Espoir puis sur le Rara-Avis, deux goélettes à trois mats. Ainsi commence l’aventure… Aujourd’hui des jeunes en difficultés ou pas, en Bretagne ou à Marseille, se forment à tout ce qui à trait aux bateaux et à la navigation et c’est cette formation que suit Léo, notre neveu qu’on aime vers l’infini et au-delà. Non, ce n’est pas un délinquant, pour ceux et celles qui se poseraient la question, juste un passionné de la mer. Il s’est donc installé là, dans une jolie maison et travaille comme un dingo pour en apprendre le plus possible. Voilà, on est allé au Pays des Abers pour le voir… On a eu le droit à une belle visite de l’anse du moulin de l’enfer. Loin d’un lieu habité par le macabre, l’endroit est d’une beauté à couper le souffle. Noyé dans une marée de fougères et de rhubarbes géantes et entouré d’un joli bois, le moulin, devenu lieu d’apprentissage de l’AJD avec pleins d’ateliers de toutes sortes, est un havre de paix. On dirait un paysage tropical. Envoûtant. Il ne manque que les singes et les perroquets. Au fond de l’anse, repose la carcasse rouillée d’un bateau abandonné. Et d’une rive à l’autre le nouveau Bel Espoir fait face à la déchéance de son aîné, couché, trop abîmé pour être retapé après 73 ans de navigation. On a eu la chance de monter sur la nouvelle goélette avant qu’elle ne soit mise à l’eau pour des essais techniques en mer. Il reste encore du boulot ! Embarquez le rhum flibustiers, il est temps de lever l’ancre… Pirates !


Oui, après, il a bien fallu se ravitailler. La mer, ça creuse ! On est allées au marché de Plouguerneau, où on a acheté des herbes aromatiques pour le jardin de Léo, dont une menthe banane, qui avait le goût de bleu d’Auvergne, et une menthe orange, qui avait le goût de bergamote. On a ramené deux pieds de cette dernière dans nos valises, pour les planter sur notre petit balcon. Et, on a goûté aux saucisses fumées au bois de hêtre et aux algues ou à la tourbe. Délicieuses ! On a mangé des moules aussi, au curry, à l’estragon…

Enfin, on est allées aux dunes de sainte Marguerite. Lunaire ! Digne d’un décor de film de science-fiction : Du sable blanc à perte de vue, jonché, çà et là de longs stipes (tiges) de laminaires (algues brunes), séchées par le soleil… On aurait dit les restes d’une bataille d’araignées géantes, dont il ne resterait que les pattes. Au bout de cette étendue sableuse, la mer turquoise des Caraïbes, sauf que l’eau est glacée ! Gloups… Sandrine bravant le froid, s’est baignée. L’eau devait être à 16°. Pour ma part, je m’en suis tenue à une immersion jusqu’à la taille. Chochotte ! Ah oui, on a cramé. Les prévisions météo annonçaient du 17-18°, avec de la pluie, en début de séjour, et du 23° max le dernier jour. Ben du coup, on a fait l’impasse sur la crème solaire ! Au début on a eu froid et on a même craint de finir, comme des clodos, avec tous nos vêtements enfilés en couches pour se protéger de l’humidité qui nous transpercerait les os. Et puis le soleil s’est installé. Et un 21° en Bretagne tape autant qu’un 29° ailleurs. Voilà, on était cuites. Et finalement, au vu de ce qu’il s’est passé ailleurs, en Allemagne, en Belgique, on a eu de la chance, il a fait beau !

Ainsi s’achève le voyage, autour d’une délicieuse bière de printemps au miel des Abers ou celle éphémère au blé noir, de la micro-brasserie Cézon, made in l’Aber Wrac’k, ou d’un verre de cidre HOP, IPA houblonné bio, super-frais et fruité, made in Paimpol, de la maison Guillou-Le Marec…
Le bonheur !

Ah les vacances… Voyagez, profitez et dévorez la vie …

Réalisation et photos : Sandrine et Muriel Zakri
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2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. simone lafleuriel-zakri dit :

    bravo ! de très belles photos, un texte bien documenté et bien illustré, et donc, de quoi aussi faire de la pub pour ce coin de mer et de la Bretagne qui sont peut être moins visités, et un très bel album de photos

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