













Vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais dimanche, on n’était pas là. Une fois de plus on a disparu. On est parties. On a pris le RER, l’avion, tout ça, tout ça… Direction Lisbonne. Notre bilan carbone est cramé ! Et oui, ça fait un peu deux fois, qu’on va au Portugal cette année. Nos jambes et nos pieds ne nous disent pas merci ! La ville n’est que pentes et escaliers vertigineux. Pire qu’à Porto. C’est plus de la balade, c’est de l’escalade. On en pouvait plus. Dans nos souvenirs – on avait, déjà, visité Lisbonne, deux fois – c’était pentu, mais pas à ce point ! C’est l’âge ma pauvre Lucette… En plus, les petits pavés qui recouvrent, si joliment, les trottoirs, se transforment en patinoire avec la pluie. Oui, il a un peu plu. À peine. Mais, comment font les vieux lisboètes pour survivre à tant d’adversités ? Nous, tous les soirs, on était cannées, dead, occises !
Ce petit voyage n’était pas trop prémédité. Non. On a rejoint Léo, notre neveu chéri et Ema, qui faisaient escale, quelques jours, là, avant de pousser plus loin, en fonction des vents, de la mer… Ça en fait des paramètres. Pas facile de naviguer en hiver ! C’était l’occasion de découvrir, enfin, leur voilier, un neuf mètres. De voir leur mini-logement flottant. Oui, parce que ce n’est pas grand un bateau finalement !
Comme on avait déjà visité Lisbonne, on n’a pas refait Sintra. Mais, si vous décidez, comme nous de prendre quelques jours dans la capitale portugaise, et si c’est la première fois ou même la deuxième, n’hésitez pas à prendre le train, pour visiter cette petite cité féérique, où les palais ont poussé comme des champignons, au milieu des mousses et fougères des parcs luxuriants. Vous ne devez sous aucun prétexte, rater le Palacio da Pena, à l’architecture mêlant les styles gothiques, mauresque, renaissance… Aussi dingue que beau ! Ni les jardins de la Quinta da Regaleira, qui abrite grottes, lacs et constructions énigmatiques dont le Poço Iniciático, le puit Initiatique. Imaginez, la tour de Pise, sans l’inclinaison, s’enfonçant sous terre. Cette tour inversée, inspirée de la Divine Comédie de Dante, descend à 27 mètres de profondeur pour arriver dans un réseau sous-terrain labyrinthique et enfin déboucher sur le Lac de la Cascade. Magique. Bref, on n’y est pas retournées !
Le jour de notre arrivée – plus tard que prévu, la faute à un avion qui ne voulait pas décoller – on a rejoint Léo vers Caïs Do Sobré, le quartier de la gare et des docks. Autrefois malfamé, il a été complètement transformé et, est devenu the place to be pour faire la fête. On a fait un tour rapide au Time-Out Lisboa, un food market installé dans une aile du marché de Ribeira – miam miam. Juste le temps d’acheter des croquetas et de continuer notre route. Le marché tradi était fermé. Il n’ouvre que jusqu’à 14h et le dimanche, en lieu et place des fruits et légumes, et autres denrées périssables, il n’y a que des stands de timbres à se mettre sur la langue ! Ben du coup, on l’a pas vu ! On s’est promenées dans le Bario Alto. On a gravi et descendu la montagne. On s’est émerveillées de l’art urbain qui s’exposait sur les façades des maisons, faisant éclater de couleurs ce quartier pittoresque. On a cherché un bar sympa pour se poser et, finalement, on s’est installés sur la terrasse du rad d’un vieux pépé, tout en haut de la rua de Diario de noticias, vers le n° 147. Là, on a goûté de la Ginja, une liqueur à base de griottes. C’est sucré ! Après l’apéro, direction le restau. Ce soir, ce sera A Provinciana, quartier Baixa, pas très loin de la place Rossio. Trois quarts d’heure de queue. Des coucous de toutes sortes ornent les murs du resto, figé dans son jus. L’unique serveuse, peut-être la patronne, court partout avec le sourire. On a repéré en plat du jour du porco à l’Alentejana, du porc cuisiné avec des coques. On salive ! À l’arrivée, y’en avait plus. Ben, on prendra autre chose. Seiche, sardines grillées, saucisses, escalope de porc, le tout accompagné de riz, patates bouillies ou frites maison,… Cinq plats copieux pour quatre et du jambon de pays. Comment dire, c’est bon, pas à se taper le cul par terre, loin de là, et c’est rustique. De toute façon, depuis notre voyage à Porto, vous savez ce qu’on pense de la cuisine lusitanienne… Voilà, voilà ! C’est déjà l’heure d’aller au lit !





Le lendemain, on rejoint Léo. On prend la navette fluviale, direction Cacilhas, de l’autre côté du Tage, pour rejoindre le mouillage du Bateau. Avant, on a fait une longue balade jusqu’au pont de Lisbonne, en longeant les anciens docks abandonnés. Les graffitis sont partout sur les murs lézardés. La balade mène, entre-autre, à deux petits restos qui vous tendent les bras de ses chaises pour chiller au bord du Tage, et, aussi, à l’ascenseur panoramique de la Boca do Vento, qui vous emporte tout en haut à la ville d’Almada. Nous, on a poursuivi notre chemin jusqu’à la Quinta de Arealva, ancienne propriété viticole abandonnée, comprenant à l’époque, un petit palais, des entrepôts, une tonnellerie… Pour y arriver deux solutions, passer le grand portail vert et suivre le chemin qui sent l’eucalyptus et qui mène au domaine ou emprunter le sentier côtier. Heureux les explorateurs urbains. Le site est énorme et ici encore, l’art a envahi les murs. C’est sublime.
Après avoir bien crapahuté dans les ruines, on a fait demi-tour et on prend l’ascenseur. À Almada, presque tout était fermé – ben oui c’était dimanche après-midi – alors, on a mangé un kebab. Et puis, on est allés au bateau.
Là, l’aventure a commencé ! On est arrivés au mouillage. Léo et Ema nous avaient prévenues, l’endroit, entre base navale militaire, parking pourri et usines désaffectées, ne faisait pas rêver. Pas grave, nous, ce qu’on veut c’est voir le bateau. Il est là, si proche et si loin ! Très loin… Il faut prendre l’annexe, un petit bateau gonflable, et ramer. Mouais… On est trop pour un seul voyage. Si on monte tous, on va couler notre embarcation ! Ok, je vais partir la première avec Léo. Sandrine et Ema, qui est un poids plume, seront du second voyage. Et me voilà partie avec Léo, côte à côte sur le petit banc et on rame. Léo m’encourage. Plus fort, rame plus fort. Ben, je fais ce que je peux ! La dernière fois que j’ai ramé, c’était il y a des lustres ! On arrive enfin au bateau… Le plus dur ce n’est pas la rame, c’est l’abordage. Y’a pas d’échelle et il faut, au choix, soit enjamber les câbles du bastingage, ou passer dessous. Léo sur le bateau me tient, tandis que j’essaye de trouver une technique pour me hisser à bord. On dirait un dessin animé. Premier essai, l’annexe s’écarte du bateau, je m’écartèle pour ne pas tomber à l’eau. Deuxième essai, l’annexe glisse le long du bateau cette fois. Me voilà à l’oblique… Malheur, je n’y arriverai jamais, d’autant qu’en plus il y a des vagues. Sandrine et Ema, sur la rive, pousse des « oh » et des « ah », se cachent les yeux pour ne pas assister à mon naufrage. Sandrine est même prête à appeler Léo pour lui dire de laisser tomber. Finalement je trouve le moyen de me hisser sur le pont à la manière du morse qui fait couler les bateaux en Norvège. Je me hisse à plat ventre comme le pesant animal, sans souplesse, ni élégance. Qu’importe la manière, j’y suis et ça tangue ! Léo repart chercher les autres. Oh hisse ! Il rame. Ils reviennent. Cette fois lui et Ema tiennent le bateau tandis que Sandrine essaye de se hisser. Quelle rigolade ! La voilà, elle aussi, étendue sur le pont. Enfin ! on fait le tour du propriétaire, on boit une tisane, la nuit tombe. Il faut repartir. La descente du bateau se fait les doigts dans le nez. Ouf ! Ce soir-là, on a mangé Tibétain !










Lundi, direction Belém, pour manger les pasteis les meilleures du Portugal. Tant qu’à faire, on prend aussi des petits trucs à grignoter salés. On dévore tout, enfin presque parce qu’une mouette, m’attaque. Elle tape ma main de sa patte, la gueuse, pour me faire lâcher ma prise. Mon bout de croquetas s’envole et d’autres mouettes fondent sur moi pour essayer d’attraper ce met de choix. On dirait le film Les oiseaux d’Hitchcock. Ouh la c’est dangereux ! Pourtant le seul risque mentionné sur la place et celui de tsunami ! Ajoutez les mouettes les gars ! Elles sont redoutables…. À part ça, le Monastère des Hiéronymites est fermé. Ben oui, on est lundi. Tant pis on l’a déjà vu. Léo et Ema filent au musée de la marine et nous, on s’offre une pause au jardin botanique. On tape la discute avec des paons. On s’extasie sur la belle porte, en fer forgé, de la serre, en réfection, cadenassée de lierre. On dirait que derrière se cache le château de la belle et la Bête. On se repose sur un banc, la tête dans le ciel bleu. C’est tropical, il fait 17° !
Retour à Lisbonne, direction le quartier de l’Alfama, le quartier le plus ancien et un des plus typiques de la ville. On cherche un bar sympa. Léo en « googuélise » un. Le hic, il est tout en haut de la colline, enfin de la montagne, sur la place de la Igreja da Graça. « T’es sérieux là ? ». On prend un escalier infini mais qui a de larges paliers, ce qui rend la montée moins ardue. Mais quand, même ! Nos jambes sont en mode automatique. Ça vaut mieux. Enfin le sommet. Il n’est que 18h et nos corps nous disent qu’il est au moins minuit. La vue est magnifique. On grignote des toasts au fromage et on boit de la bière. On redescend. Les bars et restos où se joue du Fado sont blindés de monde. Pas grave, de toute façon on est rincés. Pas de resto ce soir.
Dernier jour à Lisbonne avec nos cocos. Avant de les retrouver, nous, on fait un petit tour vers Rossio. On visite l’église de Sao Domingos, le cœur de Lisbonne depuis le XIIIe siècle. La pauvrette, si imposante à l’extérieur, semble avoir eu la lèpre à l’intérieur. C’est qu’elle en a eu du malheur. Elle a souffert d’un tremblement de terre et d’un incendie. Les voies du seigneur sont impénétrables ! Bon, on en a fait d’autres des églises mais elles ne valaient pas trop le détour, comparées à celle magnifiques de Porto. Puis, on est retournés, avec Ema et léo, dans le quartier de l’Alfama pour une balade plus longue. On s’arrête dans un petit resto qui ne paye pas de mine. Les menus s’affichent à 6 ou 10 euros. Soupe, bifana – un sandwich au filet de porc, pané ou pas, typique du Portugal – pour Léo et Ema. Pour nous, ce sera soupe, filets de porc et ou de poulet, noyés dans une sauce au beurre, frites et riz. Café pour tout le monde. On ne sait pas pour les sandwiches, mais notre noyade au beurre était bien « goûtue ». Le meilleur truc qu’on est mangé ici, et à Porto ! De retour vers notre appart-hotel, on s’arrête à L’Ambaixada, un palais au style oriental, du XIXe siècle, transformé en concept store. Le lieu est assez beau, mais on ne s’attarde pas à faire du shopping. Il est temps de reprendre nos bagages et de partir.
Voilà, c’est fini !
On en a parcouru des kilomètres et gravi des montagnes en si peu de jours. Le Mont-blanc après ça c’est « finger in the nose ». Allez, partagez, découvrez et dévorez le monde !














Photos : Muriel et Sandrine Zakri
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