















Voilà, on est parties et revenues. Une semaine ! On s’est envolées pour Calvi. Une première pour nous, l’île de beauté ! Je ne sais pas, on devait être pétries de clichés sur les Corses. Ou bien est-ce notre habitude de voyager hors frontières. Mais finalement, quelle erreur de ne pas y être allées plus tôt ! La Balagne est tellement belle, bordées de ces eaux turquoise, de ces montagnes arides, de ce maquis, de ces pins et ces eucalyptus qui embaument, et que les gens sont gentils…
Oh, ne croyez pas que nous avons visité toute la région. Non, on n’a pas fait grand-chose à part profiter de la plage, de cette mer si chaude, si transparente que nous restions des heures à y jouer, à plonger – oui, j’avais fini par trouver un rocher propice aux plongeons – et à y faire du snorkeling.
Le studio que nous avions loué, se situait dans la pinède, à quelques mètres de la plage et de la station U pinetu, dutrinichellu, le petit train qui longe la côte de Calvi à l’île Rousse.
La première chose qui nous a marquée en descendant du taxi, c’est cet accès barré à la forêt, derrière la résidence. La tempête d’août avait laissé l’empreinte de son passage dévastateur. Beaucoup de grands eucalyptus et de pins étaient tombés, renversés par le vent furieux, comme de vulgaires fétus de paille, ou bien avaient perdu des branches. À certains endroits, les tronçonneuses avaient dégagé, à la hâte, les troncs couchés, dévoilant ici, le cœur rouge des eucalyptus et libérant, là, l’odeur de la sève des pins. Quel triste spectacle. Parfois, lorsque nous traversions la pinède pour nous rendre à la plage et que le vent soufflait, nous nous hâtions, inquiètes, en regardant les arbres s’agiter au-dessus de nos têtes.
Elle est pourtant jolie cette pinède !
Bien sûr, on a visité Calvi, plusieurs fois. Empruntant, la jolie passerelle en bois qui longe la côte, la voie ferrée et la pinède – toujours elle – on a marché jusqu’à la ville ! Oui, on a tout fait à pied ou en petit train. Calvi est belle lovée sous les remparts de la majestueuse citadelle génoise. On a arpenté ses ruelles étroites. Sainte Lucie, nous a présenté ses yeux, dans l’église toute de rose vêtue de sainte Marie Majeure. Une histoire de fiancé trop empressé de la marier, obnubilé par la beauté de ses yeux. Elle, vouée toute entière aux nécessiteux, se les serait arrachés puis les aurait portés sur un plateau à l’entreprenant jeune homme, pour qu’il lui foute la paix… Gloups ! Heureusement la Sainte Vierge, devant tant d’abnégation dans la foi, aurait par la suite rendu la vue à Lucie, avec des yeux plus beaux encore… ouf ! On a fait une halte chez Annie traiteur, une institution gourmande, pour faire le plein de charcuteries, de confitures et de fromages, et mangé une glace aux herbes du maquis et à la brousse chez A Scola. On a fait notre pèlerinage jusqu’à Notre Dame de la Serra, mais comme un malheur n’arrive jamais seul, la foudre avait décapité la Vierge, le 2 septembre dernier… Re-gloups !










On s’est baignées encore et encore, puis, un matin, on a pris le petit train, plutôt une bétaillère tant on était nombreux, pour aller à l’île Rousse. La petite Sirène, tête dans les genoux, pleurait sans doute la pollution engendrée par les gros ferries à quai. La mer était plus translucide encore qu’à Calvi et le sable, de la plage Napoléon, d’un blanc immaculé, mais on ne s’est pas baignées. Non, on avait pris nos maillots pourtant, mais le marché a eu raison de nos velléités de baignade. Suivant lentement la cohorte des touristes et des gens du coin, piétinant devant les stands, j’ai repéré sur un stand du filet mignon séché. Sandrine saoulée par le monde n’y avait pas prêté attention. Moi si ! Marie-Ange, petite femme aux cheveux platine et à la mèche rose, a ses habitués venus pour la gorge de porc, ses saucisses et saucissons. On est reparties les bras chargés de lonzu, de coppa et de bien sûr de filet mignon. Marie-Ange, qui soigne ses clients, nous a offert du fitone, sorte de figatellu fine. On n’est pas très fan mais un cadeau ça ne se refuse pas. On a réfléchi, puis on est revenu acheter plus de charcuterie et Marie-Ange nous a offert un pot de tapenade. Ne la cherchez pas d’octobre à juin, elle sera au Sénégal pour des vacances bien méritées. On a arpenté les rues de la ville aux hautes façades beige rosé et aux volets bleus et fait une halte à la biscuiterie Salvatori, située sur la place du canon, ombragée par un immense caoutchouc. On a acheté des canistrelli et des tourtellini et le monsieur a gentiment jeté nos canettes de limonade, car en ville il n’y a pas de poubelle ! Et oui, les poubelles, ça fait des saletés en ville… Pas de poubelle aussi ! On a continué notre chemin sous un soleil de plomb, pris une Pietra au bar de platanes, piazza Paoli, et puis on reprit le petit train, qu’on a bien failli rater d’ailleurs.
Le vent s’est mis à souffler les trois derniers jours. Jeudi, la balade prévue en mer pour visiter la réserve naturelle de Scandola a été annulée. Autant aller se baigner alors. Une heure dans l’eau et le drapeau violet est levé au poste de secours. Dis Sandrine, c’est quoi ce drapeau violet ? « Animaux dangereux, ou pollution marine ! » Il n’y a pas de requin à l’horizon. C’est pollution aux hydrocarbures pour cette fois. Deux hypothèses : dégazage en mer, ou sortie de l’eau d’un gros catamaran abîmé par la tempête d’août, qui aurait perdu du carburant dans la manœuvre. Résultat : La baignade est interdite pour quelques heures. Bad day !







Le lendemain, on reprend le petit train pour visiter Lumio, un joli village de montagne. Oui, oui, le village de Laetitia Casta… Mais on s’en fiche, hein ? Le seul hic, c’est que la gare se situe en bas de cette montagne ! 45 minutes de montée plus tard par la route qui serpente, nous atteignons enfin le village. Arrêt au bar de la place à côté de l’église. Là, Sandrine apprendra qu’il y a un autre chemin qui descend sec, derrière la pharmacie, qui fait gagner 10 minutes. On visite et puis, il nous reste beaucoup de temps avant le prochain passage de la micheline. Allons à Occi, ce village abandonné, plus haut dans la montagne.
Derrière l’hôtel, à la sortie de la ville, nous trouvons le chemin rocailleux qui borde le ravin et monte, à travers le maquis, jusqu’aux ruines. Sandrine part à fond de balle, comme une chèvre. J’accélère pour la rattraper et je manque de crever tant la pente est rude. Bref… Au bout de 30 minutes de grimpette, nous y sommes… Occises. Ce lieu porte bien son nom ! Le village nous rappelle les villes mortes de Syrie, que nous adorions visiter. Le temps de faire le tour, de ramasser quelques feuilles de figuier et nous revoilà parties. Le vent se fait rafales, nous obligeant à nous arrêter de temps en temps sur notre chemin escarpé. De nouveau la route et le raccourci. La descente est raide. Le temps file et nous courons presque sur les derniers mètres pour rejoindre la gare, que nous atteignons, 5 minutes à peine, avant que le train n’arrive. Quelle course !
Voilà, c’est presque la fin du voyage mais pas de nos aventures. Samedi baignade avant l’avion. Et là, les vagues se jouent de nous, aussi fortes que celles de Bretagne. On s’amuse avec elles, mais elles grossissent à vue d’œil. Sandrine voit l’eau s’approcher dangereusement de nos affaires pourtant loin du bord. Elle court, attrape ce qu’elle peut. Je la rejoins juste à temps avant qu’une vague n’emporte nos tongs. L’eau s’infiltre partout. La mer si paisible se fait colère et déferle sur la plage emportant tout au passage. Les paillotes déménagent à la hâte les petites tables qui, déjà, se font la malle. Puis vient le tour des chaises longues qu’il faut remonter. Sur les restes de sable sec, les badauds, comme nous regardent le spectacle de cette mer déchaînée et des sky surfers qui arrivent en courant pour profiter de l’aubaine et s’envoyer en l’air.




Du ciel, on verra que la plage a pratiquement disparu. Et puis tout redeviendra comme avant, sur cette partie de l’île de beauté.
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Réalisation et photos : Sandrine et Muriel Zakri
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